Les limites des diagnostics de ventilation dans les expertises judiciaires

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Une pathologie du bâtiment sous‑estimée dans les contentieux

Dans le cadre des expertises judiciaires liées au bâtiment, la ventilation reste l'un des postes les plus mal diagnostiqués, et paradoxalement les plus fréquents en cause. Présence de moisissures, décollement de revêtements, condensation excessive, odeurs persistantes : tous ces désordres sont souvent associés, à tort ou à raison, à un dysfonctionnement du système de renouvellement d'air. Pourtant, les rapports d'expertise ne s'y attardent que rarement de façon technique, et la ventilation est souvent reléguée au second plan, derrière l'étanchéité, l'humidité de remontée ou les infiltrations.

La difficulté réside dans la nature même de la ventilation : invisible, silencieuse, elle laisse peu de traces tangibles et mesurables a posteriori. Contrairement à une fuite d'eau ou un pont thermique, un flux d'air défaillant ne s'observe pas, il se déduit. L'expert judiciaire, souvent issu du bâtiment général ou du génie civil, n'a ni les outils de mesure ni la formation nécessaire pour analyser un réseau de VMC ou une aération naturelle de manière fiable. Il en résulte des rapports imprécis, où le système de ventilation est évoqué sans réelle analyse fonctionnelle.

De plus, la complexité des interactions entre ventilation, isolation, chauffage et usage des occupants rend tout diagnostic délicat sans approche systémique. Un logement sur‑isolé avec VMC défaillante pourra générer plus de pathologies qu'un logement ancien avec ventilation naturelle. Mais dans l'urgence judiciaire, ces nuances sont souvent perdues, au profit d'une analyse simplifiée et partielle. Les conséquences pour les justiciables peuvent être lourdes : attribution erronée des responsabilités, non‑reconnaissance des désordres, ou décisions de réparation inadaptées.

Des outils de mesure inexistants ou mal interprétés

Le diagnostic de ventilation, en contexte contentieux, nécessite des outils spécifiques, rarement mobilisés dans les expertises judiciaires classiques. Débitmètre à hélice ou à pression, anémomètre, testeur de pression différentielle, traceur de flux, enregistreur de température/humidité : autant d'appareils permettant d'obtenir une lecture fiable des performances du système. Mais leur usage implique une méthodologie précise, et surtout, une compétence d'interprétation qui fait souvent défaut.

Dans de nombreux rapports d'expertise, les seules vérifications effectuées se limitent à la présence visible des bouches d'extraction ou à la confirmation de leur raccordement supposé. Or, cette observation superficielle n'apporte aucune information sur le débit réel, l'équilibrage des circuits, la compatibilité des bouches, l'état du groupe extracteur, ou l'encrassement des conduits. Pire : des réseaux mal montés (gaine pincée, rejet d'air dans les combles, siphon thermique) peuvent passer totalement inaperçus sans démontage ni mesure.

Même lorsque des débits sont mesurés, leur interprétation pose problème. La plupart des professionnels non spécialistes ne savent pas distinguer les exigences d'une VMC hygroréglable d'une simple flux autoréglée. Ils ne connaissent pas non plus les tolérances de débit autorisées selon les normes (NF DTU 68.3, arrêté du 24 mars 1982 modifié), ni les implications du type d'aération (collective, naturelle, individuelle). Il en résulte des conclusions biaisées, parfois fondées sur des seuils erronés ou des hypothèses arbitraires.

L'absence de traçabilité du système accentue la difficulté : aucun plan de réseau, pas de PV de mise en service, pas de mesures à la réception. L'expert se retrouve donc à juger un fonctionnement présent à partir de symptômes passés, dans un contexte de responsabilité juridique, sans outil ni cadre normatif clairement mobilisé. Une situation hautement insatisfaisante pour les parties concernées.

Le rôle‑clé de l'expert technique indépendant

Face à ces limites structurelles, le recours à un expert technique indépendant spécialisé en ventilation, comme FACE Énergie, constitue souvent la seule manière d'apporter une analyse complète et objective. En tant que tiers technique, l'expert privé peut intervenir soit à la demande du tribunal (en tant qu'expert sapiteur), soit dans le cadre d'une expertise amiable ou contradictoire commandée par l'une des parties. Sa mission : caractériser précisément les causes d'un défaut de ventilation, mesurer les performances effectives du système, et établir un lien clair entre les pathologies observées et les défaillances techniques.

Chez FACE Énergie, cette démarche s'appuie sur une méthode rigoureuse : analyse documentaire préalable (plans, DOE, factures, interventions), inspection visuelle détaillée, mesures aux bouches, test de pression, contrôle des rejets, vérification des régulations, modélisation des flux si nécessaire. L'objectif n'est pas de "trancher" comme le ferait un expert judiciaire, mais d'apporter des éléments techniques objectifs qui permettront au juge ou aux parties de prendre une décision éclairée.

Ce type d'expertise est particulièrement utile dans les copropriétés, où les réseaux collectifs de ventilation sont souvent vétustes, mal entretenus ou non conformes à l'usage réel du bâtiment. Il permet également de détecter des défauts invisibles à l'œil nu : dépression excessive, inversion de flux, reprises d'air parasite, bouches sous‑dimensionnées, etc.

Enfin, cette approche contribue à revaloriser le rôle de la ventilation dans le débat technique et juridique. Trop longtemps négligée, elle redevient un poste technique à part entière, avec ses spécificités, ses normes, ses contraintes. Et surtout, avec des enjeux réels pour la santé des occupants et la durabilité du bâti. Redonner sa place à la ventilation dans les expertises, c'est donc non seulement améliorer la qualité des décisions judiciaires, mais aussi renforcer la culture technique du secteur.

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